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Tout est une question de transfert

Le transfert est une question encore très ouverte en préparation physique : puissance, force, vitesse, … Les préparateurs physiques ainsi que les scientifiques des sciences du sport débattent encore autour de cette question : ultra spécifique vs « qualités globales ».


Nous allons nous appuyer sur un sport pour étayer nos propos : le hockey sur glace. Je prends la facilité, je prépare ces athlètes.

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Le hockey sur glace est un sport exigeant qui requiert non seulement des compétences techniques et tactiques spécifiques mais aussi des capacités athlétiques développées. Tous les joueurs savent, même les plus fainéants, qu’une bonne préparation physique jouera un rôle fondamental dans l'amélioration de leurs performances sur la glace. Cela influencera des facteurs clés tels que la vitesse, l’endurance, la puissance et la prévention des blessures : une saison réussie ou non.

Ce n’est pas pour rien que de plus en plus de club se dotent de préparateurs physiques, et ce, à tous les niveaux !


Mais avant d’avancer plus dans le détail du transfert des qualités athlétiques vers la glace, il va falloir analyser succinctement le Hockey sur glace.


1. Exigences Physiologiques du Hockey sur Glace


Le hockey n’est pas compliqué : 5 joueurs et 1 gardien contre 5 joueurs et 1 gardien. Pour gagner, il faut marquer plus que l’adversaire. Le hockeyeur étant fainéant, il sortira au bout de “45 à 1’ (en fonction du poste) pour laisser place à un autre joueur (shift). Seul le gardien se fera avoir dans l’histoire : il restera 60’ sur la glace.

Plus sérieusement. Le hockey sur glace est caractérisé par des efforts intermittents à très haute intensité alternant : sprints, changements de direction et duels dans les coins tout en essayant de se souvenir des combinaisons tactiques. Les exigences physiologiques, pour faire simple, comprennent :


  • Capacité et puissance anaérobie : Indispensable pour les actions courtes et explosives à haute intensité, les accélérations ainsi que la répétition de sprints sur glace.

  • Aérobie : Nécessaire pour maintenir une intensité élevée tout au long du match et avoir une meilleure récupération entre les changements.

  • Force et puissance musculaire : Essentielles pour les sprints, changements de direction, tirs et passes puissantes ainsi que les contacts physiques.


Finalement, cela semble assez transversale à d’autres sports : football, rugby, aviron, boxe, ... !

 

2. Composantes de la Préparation Physique pour le Hockey sur Glace


La préparation physique en hockey se focalise sur le développement de la force, de la puissance, de l’endurance et de la mobilité. Il peut exister des spécificités notamment en fonction des postes (défenseurs, ailiers, centre ou gardien), des tailles de glace, des blessures, … Globalement, les programmes incluent :


  • Entraînement en force : en particulier au niveau des membres inférieurs et du tronc, pour soutenir les actions sur la glace.

  • Pliométrie : Améliore la puissance et la « réactivité » myo-tendineuse, essentielles pour les sprints et les changements de direction.

  • Conditionnement métabolique : Vise à améliorer les systèmes énergétiques aérobie et anaérobie pour répondre aux exigences intenses du jeu.

  • Mobilité : Contribuent à une meilleure amplitude de mouvement et à la « mitigation » des blessures. Nous développerons dans un autre article ce qu’est la « prévention des blessures ».


3. Transfert : quelles qualités, pour qui ?


L’objectif de cet article n’est pas de faire une revue de littérature mais de naviguer entre le terrain et la science afin identifier les facteurs physiques permettant d’augmenter les qualités athlétiques du hockeyeur.


L’observation est une première entrée en matière.


Vous admettrez facilement que les joueurs puissants et explosifs sont des joueurs dotés d’une masse musculaire imposante et d’une masse grasse peu élevée. C’est assez commun dans de nombreux sport : rugby, football, basket, haltérophilie, athlétisme, … Pas de mauvaise foi, s’il vous plait : « oui, mais je connais un joueur … ». Nous connaissons tous ce joueur défiant toute logique athlétique. Globalement, ces traits anthropométriques sont partagés par bon nombre d'athlètes.

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Pour faire simple, une augmentation de la masse musculaire, une masse grasse faible ainsi que des taux de force augmentés conduiront indéniablement à une amélioration des qualités de puissance et de vitesse dans la discipline sur un public semi confirmé (<5 ans musculation).  


Chez un public plus confirmé (> 5 ans musculation), cela se complique déjà un peu plus. Vous vous doutez bien que leur faire prendre de la masse musculaire aura peut-être moins d’intérêt ; que des taux de force déjà (très) élevés n'auront peut-être pas les retombées escomptées sur leur activité, … Ne me faîtes pas dire ce que je n’ai pas dit : améliorer la composition corporelle d’un athlète et augmenter leur niveau de force ne peut être que bénéfique mais arriver à un certain seuil ce ne seront peut-être plus les principaux freins à la performance.


Dans ce cas-là, quels sont les méthodes qui permettent de se développer en tant qu’athlète ? De nombreux outils et méthodes sont utilisés en préparation physique : l’entraînement en résistance (1)(2), la pliométrie (2), les sprints (3) (résistés (4), en côte, délestés, …), RSI et tant d'autres. Tout cela permet d'améliorer de nombreux facteurs physiologiques : RFD, angle de pennation, liaisons croisées de collagène, ... Des termes alambiqués pour simplement décrire une amélioration de vos qualités neuro-musculaires !


Concernant les sprints, et globalement la puissance, de nombreuses études établissent un lien direct entre des qualités explosives (5) facilement mesurables (broad jump, CMJ, sprint) et la puissance/vitesse sur glace ; ou terrain, en fonction de l'activité. De manière empirique, les joueurs les plus rapides sur glace sont ceux qui ont des marqueurs de performance les plus élevés sur ces indicateurs. Autrement dit, les joueurs qui vont vite sur la glace n’ont pas un broad jump à 2,10m ou un temps au 5m à plus d'1’’ !


De manière globale, chaque athlète s’assurera d’un développement physique transférable à la suite d’un programme intelligemment construit et d’une composition corporelle améliorée. Cependant, la spécificité s’avèrera nécessaire pour une transmission optimale de la préparation physique à l’activité, pour des athlètes de haut-niveau.


4. Spécificité en Préparation Physique


Les recherches montrent que le transfert des compétences développées lors des séances de préparation physique vers la performance sur glace est optimal lorsque les exercices sont spécifiques aux contraintes du hockey sur glace.

Cependant, il ne faut pas confondre les mouvements et les contraintes, et ce, dans tous les sports. Je m’explique. Le hockey se joue dans un monde en 3 dimensions avec des forces multiples. Autrement dit, vous bougez dans tous les sens avec des adversaires qui essaient de vous anesthésier à chaque contact.


Les Russes, dans leur infini sagesse, ont très bien expliqué ce à quoi doit tendre l’entraînement en résistance et les séances de préparation physique. Deux auteurs/entraîneurs, en particulier, ont théorisé sur ce sujet : Yuri Verkoshansky et Anatolyi Bondarchuk. Il y en a sûrement d’autres mais pour les digérer il aura fallu du temps.  


Comment cela se traduit il lors d’une séance de renforcement spécifique, toujours au hockey sur glace, dans l’optique d’être plus puissant sur son patinage ? Vous voyez tous aisément à quoi ressemble le patinage, un préparateur physique pourrait se dire « Ils sont principalement à une jambe lorsqu’ils patinent : skater squat lourd ». Alors oui… mais pas totalement.

Comme on l’a dit, augmenter sa force sera bénéfique mais pas forcément sur un mouvement qui simule l’activité, pourquoi ? Parce que vous dénaturerez le mouvement : changement du centre de gravité, moment d’inertie, centre de rotation, changement dans le contrôle neuromusculaire, … Et donc vous ne deviendrez pas plus fort sur le mouvement en question.


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" Dans le contexte de l’entraînement, la spécificité ne devrait pas être confondu avec la simulation. Un entraînement spécifique signifie que les exercices doivent améliorer de manière très spécifique l’expression de certains facteurs dans un sport donné. " (Verkoshansky, Supertraining)


Je resterai assez évasif sur le sujet de la spécificité, pour le moment, il y a beaucoup à dire !


Je ne vais pas vous laisser comme ça, rassurez vous. Alors, comment on développe tout ça ?

Keep It Simple Stupid ” : pas de recette miracle ! Vous voulez être plus rapide ? Sprints Vous voulez être plus explosif ? Sauts, haltéro. Vous voulez être plus fort ? Soulevez lourd. Tout doit être aussi « stupidement simple » ! Le reste tient de la « magie » de la quantification de la charge d’entraînement.

 

Conclusion


Le transfert entre les séances de préparation physique et la performance dans un sport donné est un processus complexe nécessitant une planification rigoureuse et une approche équilibrée. Les études actuelles confirment l'efficacité des programmes spécifiques combinant force, puissance, conditionnement métabolique et mobilité pour améliorer les performances. Pour maximiser ce transfert, il est essentiel que les entraînements soient spécifiques aux contraintes du sport pratiqué tout en étant adaptés aux besoins individuels des joueurs.


Références

(1)      Behm, D. G., Wahl, M. J., Button, D. C., Power, K. E., & Anderson, K. G. (2011). Effects of speed on force production and neuromuscular activity in the leg muscles during plantarflexion. Journal of Strength and Conditioning Research, 25(4), 915-922.

(2)      Improvement of Ice Hockey Players' On-Ice Sprint With Combined Plyometric and Strength Training. Torstein E Dæhlin, Ole C Haugen, Simen Haugerud, Ivana Hollan, Truls Raastad, Bent R Rønnestad (2016).

(3)      The Training and Development of Elite Sprint Performance: an Integration of Scientific and Best Practice Literature. Thomas Haugen, Stephen Seiler, Øyvind Sandbakk, Espen Tønnessen. Sports Med Open. 2019 Nov 21;5(1):44.

(4)      Resisted Sled Sprint Training to Improve Sprint Performance: A Systematic Review. George Petrakos, Jean-Benoit Morin, Brendan Egan. Sports Med Mar;46(3):381-400.

(5)      Comparison Between Power Off-Ice Test and Performance On-Ice Anaerobic Testing. Vincent G Boucher, Andrée-Anne Parent, Fanie St-Jean Miron, Mario Leone, Alain S Comtois. Journal of Strength and Conditioning Research. 2020 Dec;34(12):3498-3505.


 
 
 

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